Aux innocents les mains pleines…
Comme beaucoup de passionné de Jeep MB, Willys ou Hotchkiss M201, je souhaitais connaitre le passé de ma belle ancienne,et dans ce cas ,loué soit internet car la mine d'information est incroyable et les passionnés nombreux…Mes premières recherches m'ont donc amené à rechercher les informations sur le net parallèlement aux recherches de numéros frappés sur le véhicule.
Sur le net,les sites sont nombreux mais je tiens particulièrement à remercier Jean Louis Martin et Andy Carter sans lesquels mes recherches seraient restées vaines ,j'en profite pour leur faire la pub de leur site commun.
Mes recherches sur le véhicule ont commencé par la recherche des différents N° frappé par Hotchkiss et par l'armée Française(voir le chapitre:”comment identifier une jeep”à ce sujet)—A VENIR
N° Chassis Hotchkiss: 9703
N°Caisse Hotchkiss :8448
N°Matricule donné par l'armée Francaise: 034171(il s'agit de sa première immatriculation militaire)
N° de serie du cadre de chassis :SM 4043—>Et là il s'agit d'une version Sahara,ce que je découvre par la suite.
Plaques de reconstruction de la Maltournée : Automne 1968
N° MALT(frappée sur une plaquette soudée au chassis après reconstruction): 32179
Dernière immatriculation militaire : 285 1064 (Ceci reste à confirmer/Voir le chapitre "Son dernier N°d'immatriculation")
Ma Jeep est donc de Novembre 1959 , a porté comme première immatriculation 034171 ,c'est une version Saharienne spécialement élaborée pendant la guerre d'Algérie pour effectuer des périples dans le desert et servir de véhicule de liaison à l'armée Francaise.
Cette version fut construite à 400 exemplaires dont ne subsistent que 2 exemplaires authentifiés en France ,une à Tarbes et la mienne ,qui malheureusement a perdu tous ses équipements mais dont les traces sont indéniables .
Imaginez mon état d'esprit lorsque j'ai établi l'origine de ma Jeep et surtout lorsque je me suis apercu qu'une seule était identifiée en France,de la joie bien entendu, la chance du débutant ,je n'avais jamais entendu parlé de cette version ,d'ailleurs je n'était pas au courant de grand chose quand j'y pense, je voulais une jeep, point.
L'épopée des M201 SAHARA:
Comme je l'indiquais précédemment ,les évènements en Algérie ont obligés Hotchkiss à fournir un véhicule adapté aux conditions désertiques à l'Armée Française.
Au début du conflit ,les premiers accrochages en Algérie ont mis en évidence certaines faiblesses des jeeps M201 classiques au point que certaines unités au contact des rebelles furent dans l'obligation d'emprunter des Land Rover aux compagnies pétrolières travaillant dans cette région,provoquant la colère des états majors qui tenaient à ce que le matériel utilisé reste Français (surtout à cette époque).
Il faut avouer que les jeeps M201classiques n'avaient que quelques défauts mais qui suffisaient à ce qu'elles soient “boudées”par certains membres de l'Armée.
Au nombre de ces défauts figuraient:
Un manque d'autonomie relatif ,le réservoir ne comporte à l'origine que 57.8litres,ce qui parait énorme à notre époque mais qui avec une consommation moyenne de 15 à 18Litres aux 100KM se révèle très insuffisant au regard des distances parcourues dans le milieu désertique.
Un encrassement trop rapide du système de filtration d'air lié aux conditions d'utilisation sévères en milieu poussiéreux.
Pneus inadaptés aux conditions rencontrées(Sable,piste rocailleuse et piste en bitume)
Une impossibilité à faire varier la pression des pneumatiques dans des conditions ou parfois il est nécessaire de dégonfler les pneus sur sol sablonneux tandis qu'à certains moments,sur les pistes ,la pression normale redevient nécessaire.
Une tendance au phénomène appelé “VAPOR LOCK”lié à la chaleur qui empêche une alimentation constante en essence vers le carburateur et qui provoque des trous à l'accélération.
Face à ces problèmes liés ,encore une fois aux conditions d'utilisations exeptionelles ,le constructeur Hotchkiss conçu un véhicule répondant aux souhaits des états majors et qui recu le nom de “M201 Sahara”.
Cette jeep ,comme nous allons le voir en détail, avait subie quelques modifications:
Ajout d'un réservoir supplémentaire de situé sous le siège passager d'une capacité de 40 litres litre ainsi qu'un jerrycan supplémentaire installé dans un support entre les deux sièges avants .A ce dispositif,il fallait aussi rajouter un robinet d'essence manuel ,à portée de main du conducteur que celui ci pouvait actionner lorsque l'un des deux réservoir était vide.
Montage de pneus MICHELIN d'un profil particulier ,sans crampons,plus adaptés aux conditions de conduite désertiques.
Le montage d'un pré-filtre à air du type “cyclonique”qui permettait d'éviter l'entrée de sable et de poussières en grandes quantité dans le système de filtration ,ce qui évitait ainsi d'incessants nettoyages.Ce pré-filtre était situé sur l'aile avant droite.
Ajout d'un compresseur du type “BAVOX”qui pouvait se monter et se démonter en fonction des besoins et qui permettait de dégonfler les pneus sur sols meubles pour les regonfler par la suite sur pistes.Ce compresseur était entrainé par la poulie du bas moteur ,à l'avant du véhicule .
Ajout d'une pompe à essence électrique fixée au châssis au niveau de l'aile avant gauche ,qui ,malgré une efficacité contestable,devait éviter le phénomène de “VAPOR LOCK”.
Ajout de plusieurs pontets de fixation permettant l'attache des effets de l'équipage (tentes ,sac de couchages ,etc…) .Ces pontets se situaient sur la partie plane entre le pare brise et le capot au nombre de 6.
Ajout d'une caisse à outils entre les deux mains de pare choc avant permettant le rangement du compresseur,des flexibles de gonflage et des différents outils.Ce coffre à outils était fixé au moyen de 4 écrous papillons vissé dans les deux mains de pare-choc.Noter aussi l'ajout de tapis de désensablement fixé derrière le siège conducteur et le siège passager toujours au moyen de pontets(appelés aussi chez les initiés “Footman loops”).
Ajout d'un projecteur orientable manuellement de marque HAUTEROCHE à gauche du pare-brise .
Montage de suspensions renforcées à 13 lames au lieu de 11.
A noter aussi ,et ca n'est pas un élément négligeable,la couleur des jeeps Sahara qui étaient d'une livrée couleur sable à leurs sorties d'usine alors que les M201 classiques étaient de livrée verte Armée Française.
La construction de ce modèle de Jeep baptisée “SAHARA” aurait semble t-il débuté en 1958 pour se terminer en 1963.Cependant durant la production de ces jeeps ,il faut distinguer 2 phases,une phase de production de M201 Sahara 6V de 1958 à 1960 puis une phase de construction de M201 24V de 1960 à 1963.(Sources Jean Louis Martin ).
En ce qui concerne le nombre exact d'exemplaires produits,il est difficile d'être formel mais il semblerait que les premiers modèles (M201 6V)furent livrés au nombre de 400 entre entre 1958 et 1960.A noter que par la suite ,le développement du modèle 24V sur lesquels je ne possède pas de chiffre de production.
Afin d'illustrer cette page ,voici la M201 Sahara 6V:
Credit Jean Louis Martin.
Retour au pays :
En 1967, les derniers matériels sont rapatriés,les jeeps rentrent au pays.Cependant ,leurs équipements particuliers ne seront plus forcement nécessaires en métropole et bon nombre d'entre elles seront reconditionnées dans les ERGM de l'Armée Française et reconverties en véhicule anti-chars,ENTAC,SS10,MILAN en raison de leurs suspensions renforcées qui leur permettaient de mieux supporter le poids du matériel ainsi que les coups de départ.Cependant ceci n'épargnait pas la caisse en elle même qui subissait de fortes contraintes et cédait à certains endroits.
Au fil du temps et au grès des reconstructions dans les ERGM ,les équipements “Sahariens “étaient enlevés ,les jeeps étaient standardisées au point que certaines ,encore “vivante” ,ont certainement subsistés sans que leurs propriétaires n'aient une quelconque idée de leur illustre passé.
D'après de récentes recherches et conclusions de Jean Louis Martin ,il semblerait qu'un lot d'ex jeep Sahara aient bien été rapatriée en 1967 .Ces jeeps ,dont la mienne,semblent avoir des N° de série assez proches ,ce qui conforte la thèse du rapatriement en lot.
Voici un exemple de modèle de jeep anti-char en quelle furent transformées bon nombre d'ex-sahara en raison de leur suspensions renforcées d'origine notamment.
Les preuves des origines de ma jeep:
Comme je l'avait écrit auparavant ,au début ,je voulais une jeep ,point.Mais comme beaucoup de propriétaire de jeep ,je n'ai pas pu résisté au besoin d'en savoir plus sur le passé de mon ancienne.Cette démarche m'a amené à faire des recherches sur internet,discuter avec des passionnés et un premier indice attira mon attention.
Le N° de série de châssis donné par l'armée.Ce N° est le plus souvent composé de 2 lettres suivies de 4chiffres.Ces deux lettres sont le plus souvent MV ,MVS alors que ma jeep ,elle ,était marquée d'un SM,étrange donc…
Suite à cette découverte ,j'ai simplement effectué des recherches sur internet et trouvé un site de référence ,celui de JLM ,http://www.hotchkissm201.fr/ ,et à la rubrique M201 Sahara 6V ,j'ai fini par trouver une explication à ce N° de châssis particulier.
Je cite le site de Jean Louis Martin:” A noter que le numéro de châssis (8665), normalement frappé sur le dessus du longeron avant droit est sur le bord extérieur de ce même longeron car il est caché par la caisse à outil à son emplacement habituel. Enfin, le numéro de série du cadre de châssis(qui débute par les lettres M ou MV) est le plus souvent précédé ou suivi d’un S. Ici, la M201 d’Emile porte le numéro SM4021. Ces indications permettent de repérer des châssis de M201 Sahara après leur reconditionnement en M201 Standard (suppression de la caisse à outils, etc.) ou ENTAC. Attention : la présence (ou l’absence) du S n’est pas un indicateur fiable, il faut aussi se référer à d’autres détails pour conclure à l’existence d’une ex-Sahara. En effet, il semble que des châssis MVS aient été utilisés chez Hotchkiss pour des M201 standards (utilisation de châssis MVS en surplus ? Commandes militaires de SAHARA réduites du fait de la fin de la guerre d’Algérie ?).”
Traces du pré-filtre à air fixé sur l'aile droite:
Comme on peut le constater aisemment,les mécaniciens de l'ERGM ont simplement rebouché le trou qui servait au passage de la durite du pré-filtre
Le pré-filtre d'origine :
Traces des soudures (ayant été meulées)des pattes servant à la fixation de la pompe à essence électrique:
La pompe à essence d'origine:
Les pneus:
Autre caracteristique particulère ayant été mise au jour il y a peu grace à l'aide de Jean Louis Martin ,ma jeep possède une monte de pneus assez rare,il s'agit en effet de pneus Englebert Max In ayant été installés assez brievement sur les M201 puisque très vite remplacés par leurs successeurs les Uniroyal T9.
Je pense que ces pneus ont été montés lors de sa reconstruction à la Maltournée après son rapatriement d'Algérie.
D'autre part,je pense etre amené à les changés car ceux -ci ont vécus et présente actuellement d'importante crevasses entre les dessins.Malheureusement,leur conservation serait sinomyme de mise en danger pour les passagers.
Sa soeur jumelle:
Les ex-jeeps Sahara sont des pièces extrêmement rares,comme je l'ai écrit précédemment et il en subsiste un modèle à Tarbes dont le propriétaire n'est autre que le fils de sont utilisateur principal en Algérie qui lui même l'avait racheté au domaines lorsqu'elle fut démobilisée.Chose encore plus rare,une photo de cette jeep en opération existe.La voici lors de son service en Algérie puis exposée lors d'une de ses sorties à Tarbes:
Photo prise le 25/6/1962 au cours d'une liaison au bordj de Krechem entre Ouargla et Touggourt.Sources JLM
Credit photo escadron Béarn-Bigorre (http://www.escadron-bearn-bigorre.fr/sommaire.htm)
Certains l'auront peut être remarqué mais la jeep de ce monsieur portait ,en Algérie,le N° d'immatriculation militaire 034161 ,or,la mienne était immatriculée 034171 donc à 10 jeeps de celle ci ,elles étaient certainement ensembles sur les chaines de montage et ont certainement participé au conflit Algérien cotes à cotes...
La jeep identifiée sur la photo était affectée au 401 eme RAA (Artillerie Antiaérienne).Si parmi les lecteurs certains possèdent des photos de cette époque et de ce régiment ,n'hésitez pas à me contacter.
Outre le passé Saharien de ma jeep,j'ai découvert lors la restauration ,certaines traces qui m'ont laisser penser que ce véhicule avait peut-être également été un lance engins ENTAC comme nous l'avons vu plus haut.
Sur cette photo ,on distingue nettement un renfoncement en longueur partant de la poignée de caisse centrale jusqu'à la poignée arrière gauche et qui correspond à l'arceau de bâche de la version ENTAC mais peu d'éléments me permettent d'étayer cette hypothèse malheureusement.
Voici la version ENTAC sur laquelle on retrouve l'arceau replié:
On y distingue nettement la correspondance entre les traces de ma jeep et cet arceau en position repliée.Un autre élément pourrait appuyer l'hypothèse d'un passé antichar étant le fait que des trous présents sur les tôles au dessus des tête d'amortisseurs qui ont été rebouchés et correspondent à la fixation d'un panier porte matériel sous la jeep mais ceci reste aussi à confirmer car la jeep a aussi eu (et là c'est certain)un passé de véhicule radio,certainement en fin de carrière après sa dernière reconstruction.
L'autre élément appuyant la thèse de l'antichar est le fait que la carrosserie a subit des ruptures au niveau de la jonction ailes avant-caisse qui ,semble t-il ,se retrouve sur les véhicule ayant servi dans les unités anti-char à cause de la force exercée lors du départ du projectile.
Voici un exemple de ces ruptures sur ma jeep:
Son dernier N° d'immatriculation:
Au début de mes recherches relatives au passé de ma jeep,j'ai contacté et rempli le formulaire de Jean Louis Martin et de Andy Carter (deux références en ce qui concerne les M201)et ceux ci ont établi une possibilité de dernier N° d'immatriculation suite à sa dernière reconstruction,285XXX(les trois derniers chiffres restants inconnus à ce moment).
Lors de ma restauration ,j'ai mis à jour un N° ecrit au blanc sur la roue de secours ,sous la peinture,qui aurait du correspondre aux 4 derniers N° de son immatriculation car c'était une pratique semble t-il courante dans les ateliers régimentaires lors des démontages de ces roues de secours afin de savoir à quel véhicule elle correspondait.
Cependant,ayant appris aussi que certains ateliers notaient ces numéros et remontaient les roues sans y preter plus d'attention,il est difficile de s'appuyer sur cette preuve et le doute conforté par le fait que le pneu sur la roue de secours n'est pas du meme type que ceux de la jeep(c'est un Michelin XL alors que les 4 autres sont des Englebert)...
L'hypothèse,si on garde la possibilité que cette roue de secours ait bien appartenue à ma jeep est donc que son dernier numéro d'immatriculation fut le 285 1064 avec une grande reserve...
Après m'etre penché sur le problème,j'en suie arrivé à la meme conclusion pour les 3 premiers chiffres,à savoir le 2 pour un véhicule ayant servi au sein de l'armée de terre,le 8 pour avoir subit une reconstruction en 1968 et le 5 parce que ce véhicule avait donc été reconstruit.Les 4 derniers chiffres ayant été ceux attribué au véhicule en terme de numérotation par l'armée et donc difficile voir impossibles à determiner.
Notez que si ma jeep a appartenu à un autre corps d'armée que celui de l'armée de terre ,le premier numéro pourrait aussi etre le 3,4 ou 5 mais je pencherai plutot pour une carrière au sein de ce corps étant donné la présence d'éléments relatifs à l'emport de radio dans ma jeep.
Vous l'avez compris,tout ceci ne tient que sur des hypothèses bien fragiles et rien de plus ne permet de determiner le passé de ma jeep...
