Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
/ / /

 

 

Après avoir survolé le sujet dans le chapitre précédent ,nous pouvons à présent rentrer dans les détails.Commençons par faire le tour des unités ,tant alliées qu'allemande,de leurs effectifs,de leur expérience du combat à la veille de ce jour cruciale dans l'histoire.


Les unités Allemandes en Normandie: 

En ce début d'année 44 ,les effectifs de l'armée Allemande en Normandie étaient constitués de troupes statiques ,entrainées à occuper des positions fixes dont les éléments avaient souvent été endurcis par de réguliers séjours sur le front Russe mais aussi rendus inaptes médicalement.


Cependant,parmi eux figuraient un bon nombre de "volontaires"enrôlés de force dans la Wermarth (osttruppen) lors des précédentes campagnes.Ils avaient été envoyé là par nécessité de les éloigner de leurs terres natales mais avaient aussi choisi l'engagement au sein de l'armée allemande plutôt que de terminer dans un camp de travail.Ces unités étaient capables de se battre avec bravoure mais n'avaient malheureusement pas la confiance de leur hiérarchie.A noter qu'au mois de Mai 44,Rommel avait fait renforcer le secteur par certaines divisions qui surprirent les alliés par leur présence.


La Normandie représentait pour le soldat allemand ,une affectation de choix .En effet ,la qualité de vie n'avait rien de comparables aux conditions impitoyables du front russe,le climat est d'une douceur surprenante ,même en hiver et la nourriture abondante...

Beaucoup de soldats allemands donnait d'ailleurs le surnom de "front chantilly" à la Normandie avant les évènements du printemps 44.


A l'aube du jour J ,les effectifs allemands en Normandie étaient d'environ 50000 hommes (en théorie et concernant la 7eme armée)et étaient composés par les unités suivantes :

243ème Division d'infanterie,352ème Division d'infanterie ,709ème  Division d'infanterie ,716ème  Division d'infanterie , la 21eme PZ Division,la 91 ème Luftlande Division.

 

Ces unités étaient bien souvent en sous effectifs et certain témoins ont même rapporté que lors de la visite de Rommel en Fevrier 44,les hommes présents sur les défenses de la pointe du hoc étaient les même le lendemain sur le WN62 à St Laurent lors de la visite du Maréchal,éloquent,n'est ce pas ?

 

Voici une carte indiquant la position de ces unités au 6 Juin 1944:

repartition_des_forces_all.jpg

carte-forces-All.gif

Sur cette carte ,on peut très facilement constater que 6 divisions subiront le choc frontal de l'assaut du 6 Juin mais ces unités restent de valeurs inégales.

Les effectifs connus sont les suivants:

-709 ème DI: 10600 hommes.

-716ème DI:  7600 hommes(50% d'effectifs manquants)

-352 ème DI :Entre 7 et 10000 hommes d'après les estimations.



Les carences:

Dès le début de l'année 44 ,Rommel plaide pour un renforcement important des défenses de plage(nous l'avons dit dans l'introduction).Il est persuadé que le débarquement ,ou devrais-je dire "l'invasion"(terme employé coté allemand),aura lieu en Normandie et que les 24 premières heures seront décisives.Il faut,d'après lui,rejeter les alliés à la mer le plus tôt possible sinon la guerre sera perdue.


Dans la mesure de ses moyens ,il fait renforcer les défenses de plage,obligeant les troupes de garnison à travailler d'arrache-pied en plus de l'état d'alerte permanent qui règne dans cette période d'incertitude,il demande aussi avec insistance à Hitler des divisions blindées supplémentaires mais n'est pas entendu,mis à part la 21Panzer Division,il n'y aura que les unités blindées intégrées aux divisions d'infanterie qui seront présente en Normandie le matin du jour J...

Rommel fait aussi rapatrier de sa propre initiative des pièces antiaérienne de 88mm,redoutables dans leur rôle d'origine mais aussi contre les blindés en tir tendu.Cependant ,parallèlement à cet état de fait,l'arsenal présent sur les défenses côtières et très hétérogène,les canons sont souvent de calibres différents et par conséquent les munitions aussi.Certaines études récentes ont déterminé que pas moins de 250 types de munitions cohabitaient en Normandie.Je vous laisse imaginer la complexité de l'approvisionnement rendu encore plus difficile qu'a l'habitude à cause des bombardements de plus en plus importants.


Si on résume ,des troupes aux effectifs incomplets et aux valeurs inégales,des défenses côtières bien établies mais aux matériels de différentes provenances et donc difficile à approvisionner,des divisions blindées insuffisantes ,voilà le constat que l'on peut faire des effectifs allemands à l'aube du jour J.


Cependant,malgré ces carences importantes,certaines unités allemandes choisirons de se battre et de tenir leurs positions,l'exemple de la plage d'Omaha en est une preuve,des bombardements alliés ayants ratés leurs objectifs,une chaine de commandement qui fonctionnait, des munitions suffisantes et des hommes ayant choisi de se battre jusqu'à ce que la pression des Américains soit trop forte. Mais ces actions ponctuelles seront insuffisante pour juguler la formidable machine de guerre alliés qui venait de mettre le pied sur le continent en cette matinée du 6 Juin 44.


Derrière le mur,ils attendent:

En ce début d'année 44 ,malgré les efforts entrepris par les alliés pour cacher leurs projets ,les allemands ont le sentiment que quelque chose se prépare mais n'ont aucune certitude quand au lieu et au moment.

En attendant,les défenses sont renforcées et les tours de garde se succèdent.Voyons donc ce qui attendra les alliés lorsqu'ils poseront le pied sur le continent Européen.


 Le mur de l'atlantique est composé de points d'appui de deux types ,les lourds et les legers.


Les point d'appui légers sont composés d'armements que l'ont peut qualifier de "léger",canons antichars sous casemates ou sur encuvements,mitrailleuses,mortiers,lance-flammes installés dans des tobrouks,pièces anti-aériennes. Ce dispositif est complété par des murs ou des fossés antichars,des obstacles de plage et des champs de mines à l'arrière.Les points d'appui légers avaient pour vocation première de barrer la route à d'éventuelles incursions ennemies entre des falaises,là ou le relief aurait permis à des assaillants de prendre pied et d'entrer à l'intérieur des terres.


Les points d'appui lourds ,sont ,quant à eux ,composé de cet arsenal auquel sont ajoutées des canons de longue portée(ex:canons de St Marcouf,Skoda 210mm),  généralement au nombre de 4 et installés dans des casemates hors de porté des tirs direct venant des plages mais aussi bien souvent aveugles et dépendant d'un poste de tir situé à l'avant,sur la première ligne.


Vue panoramique de la batterie d'Azeville(lourde) en Normandie:

panorama-azeville


Plusieurs lignes composent cette défense,la première ligne mesure environ 200m de large,partant de la plage jusqu'aux hauteurs (dunes ou falaises)qui surplombent celle-ci.

Des tobrouks abritant les mitrailleuses tiennent la plage en joue,croisant leurs angles de tir.On peut encore à l'heure actuelle voir de nombreux tobrouks de ce type sur les côtes.

 

Les mitrailleuses installées dans ces emplacements étaient la plupart du temps des MG 42 ,à cadence de tir rapide,redoutables de précision mais ayant tendance à chauffer lors d'une utilisation prolongée ,obligeant le tireur à changer le canon,ce qui le rendait vulnérable.


mg42_tobrouk.jpg


Les mortiers étaient disposés plus en arrière sur cette ligne, installés dans des tobrouks spéciaux ou plus fréquemment dans des emplacements sans couvertures particulières.


73jp8.jpg

Les lances-flammes étaient postés en protection aux sortie éventuelles des plages,interdisant par conséquent aux sapeurs ennemis de détruire les murs antichars ou les obstacles.


Les canons antichars étaient la plupart du temps de calibre 50mm,des tourelles de char sur tobrouk,placés dans des encuvements à ciel ouvert ,dans des positions bétonnées ou dans des casemates.


Canon 50mm du WN 65 (Omaha Beach)

211617009_small.jpg

tourellesurwn66.jpg


 

Les pièces anti-aériennes étaient installées dans des encuvements bétonnés à ciel ouvert,il s'agissait ,la plupart du temps,de canon de 37mm Flak ou du célèbre canon de 88mm.


102017139.jpg


flak_88color.jpg



S'agissant des points d'appui "lourds",à ce dispositif,il fallait ajouter un poste de commandement de tir et d'observation ,placé en avant de la falaise ,sur la première ligne.


Poste d'observation de la batterie de ST Marcouf en Normandie

9ameqh.jpg





La seconde ligne,quant à elle était généralement constituée des bunkers servant aux transmissions,de soutes à munitions,d'armureries,de cantonnement aux groupes de combats ,de postes de secours avancés ,eux aussi agrémentés de mitrailleuses lourdes servant de protection.


Abri pour groupe de combat 12 Hommes ,batterie de Merville Normandie.

PICT0439.JPG

Ces bunkers étaient conçus de manière à pouvoir résister aux bombardements les plus intenses mais aussi à d'éventuelles incursion ennemies.Les murs mesuraient plusieurs mètres d'épaisseur (entre 2 et 5 m),possédaient des murs pare éclats,les chambres étaient munies de systèmes de filtration d'air et de portes lourdes blindées.Une fois retranchés dans ces bunkers,les hommes de la garnison pouvait tenir un siège de plusieurs jours mais guère plus longtemps.Il faut aussi préciser que les conditions de vies dans ces bunker étaient souvent difficiles,les soldats répugnaient à y rester plusieurs jours de suite ,l'humidité y était omniprésente,les maladies pulmonaires fréquentes ,la promiscuité inévitable et les actes les plus fondamentaux de la vie de tous les jours de véritables casse-tête comme par exemple faire sécher son linge...Par conséquent ,beaucoup de soldats allemands essayaient de garder des contacts avec les habitants des fermes environnantes pour pouvoir améliorer leur quotidien.


Cuisine d'une batterie qui s'apparente davantage à une réserve dans laquelle on prépare des repas(St Marcouf 2008).DH000042.JPG

 


Chambrée : Les soldats ont tapissé les murs de lambris pour casser la froideur du béton(St Marcouf 2008).

PICT0574.JPG

 

 

Sous les obstacles,la plage:

Avant ces lignes de défense meurtrières,les alliés auront déja fort à faire pour éviter les dispositifs anti-débarquement installés par les allemands.

Rommel était persuadé que les alliés débarqueraient à marée haute,évitant à leurs hommes de rester à découvert sur 500 mètres avant d'accéder à la partie supérieure de la plage.

Certain de cet état de fait ,Rommel avait fait installé différents dispositifs visant à empêcher l'accès proche à la plage en venant du large .Il fit installé ces obstacles de façon à ce qu'ils restent invisibles à marée haute rendant leur localisation impossible par les pilotes de chalands de débarquement.Cependant ,l'état major allié contredit ces plans puis que le débarquement fut décidé à marée basse ,sans parler des informations fournies aux alliés par la résistance qui avait des informateurs au sein des travailleurs forcés qui recensèrent tous les obstacles avant l'assaut,de plus ,sur certains secteurs aux défenses très denses ,ces obstacles joueront un rôle protecteur pour l'infanterie qui trouvera derrière ceux ci de quoi se protéger momentanément.

Il faut néanmoins noter que les obstacles joueront tout de même le rôle d'entrave qui leur était assigné et gêneront considérablement les manœuvres des chalands faisant des allers retours.

Carte montrant la disposition des obstacles de plage

omahaleswn2jb-copie-1.jpg



 La première ligne d'obstacle était constituée de mines sous-marines entravée par des chaines suivies par des filets anti-sous-marin:DSC_0046_DxO.jpg

 

La seconde ligne était la plupart du temps constituée d'éléments C (Cointet) ,dispositif lourd en métal ressemblant à une porte.Ces éléments pouvaient être assemblés entre eux,les allemands les utilisaient aussi comme portes aux entrées des points d'appui.Ce dispositif,comme les autres avait pour objectif d'éventrer les chalands de débarquement à marée haute.

defportebelge.jpg

P7130216.JPG

 

La troisième ligne était constituée de pieux surmontés de tellermines,antichars mais capable de faire sauter une embarcation.Ces pieux étaient disposés de façon à ce que leurs parties supérieures ne soient pas visibles à marée haute.Pour les installer ,les allemands utilisaient des lances à incendie et en arrosant le pied du pieux celui ci s'enfonçait jusqu'à plusieurs mètres sans être déplacé lors des marées.defpieumine.jpg

 

La quatrième ligne était constituée le plus souvent de dispositifs toujours conçus en bois ressemblants à des trépieds destiné à faire chavirer les barges de débarquement

France-Mur-Atlantique-Erwin-Rommel-1.jpg

          Photo prise lors de la visite du Maréchal ROMMEL début 44.


Venait ensuite la dernière ligne d'obstacles constituée d'éléments plus lourds visant à empêcher le déplacement des chars ou des barges lors de leur retrait.On peut distinguer deux types d'obstacle ,les tétraèdres bétonnés (avec possibilité d'installer une mine)et les tétraèdres métalliques .dsc0581vs6.jpg

dsc0643hi1

 

a suivre...

Partager cette page
Repost0